lundi 3 octobre 2011

J'ai vu ça

Les jeunes de la rue de Mexico.  Un photo-reportage de L'actualité, ici.

Noël 1996, j'y étais, pour un séjour de 2 semaines justement avec les enfants de la rue.  Sauf la violence, j'y ai vu de tout.  J'ai parlé aux gens, j'ai visité leur chez soi dans les bidonvilles ou leur petit coin de rue.  J'ai visité une prison pour jeunes.  J'ai ris beaucoup avec eux.  Mais je n'ai pas pleuré.  Je ne réalisais pas assez l'ampleur, la profondeur, la tristesse que je voyais.  J'étais un occidental compatissant et gentil.  Empathique.  Mais pas un observateur engagé.  Un observateur point.  Si j'avais à y retourner, je n'aurais plus les mêmes yeux.  C'est la maturité, la paternité, la vie quoi.

Regardez la photo de la page 12.  Le visage de gens n'est pas différent du nôtre un petit lundi matin.  Mais tout autour est différent.  Je ne dis pas qu'ils ne sont pas malheureux, je ne sais pas.  Ce que je veux dire c'est que la photo n'a rien de particulier.  Pas d'éclat de rire, pas de grande tristesse, pas de désespoir.  Juste un portrait bien simple mais qui pourtant illustre une très grande misère.  La boîte de pizza, le jeune fille, les lits de fortune, la saleté, le danger de dormir là.

La photo rend très bien comment je me sentais à l'époque.  On réalise le drame, mais on ne le sent pas.

Aucun commentaire: